dimanche 13 novembre 2016

Essais cliniques non publiés en Suisse



Introduction 

Approximativement 25-50% des essais cliniques réalisés sur des humains (des études où l’on tente d’évaluer l’efficacité et la tolérance d’interventions ou de traitements médicaux) ne sont jamais publiés, ceci en grande partie parce que les auteurs ne soumettent pas leurs travaux à des journaux scientifique, ont des résultats négatifs ou ne les estiment pas intéressants

ClinicalTrials est une base de données qui catalogue les essais cliniques enregistrés avant qu’ils ne soient réalisés et surveille si leurs résultats sont publiés. Celle-ci permet de mieux réaliser la proportion de résultats qui ne sont pas partagés et les modifications appliquées au protocole initial (le plan de l’étude). Dans certaines institutions, l’enregistrement des essais cliniques est obligatoire. Malgré cela entre 30 et 50% des essais cliniques enregistrés sur ClinicalTrials ne sont jamais publiés.

ClinicalTrials a un rôle important dans la recherche scientifique. En effet, si des études remarquent qu’une intervention est inefficace et ne publient pas leurs résultats, les chercheurs risquent de surévaluer l’efficacité de cette intervention en se fiant aux études aux résultats positifs. Lorsque des modifications sont réalisées au protocole de base d’une étude, celles-ci peuvent induire des erreurs dans l’analyse ou l’interprétation des résultats. Si des interventions ne fonctionnent pas et qu’aucun chercheur ne publie à ce propos, d’autres chercheurs risquent de réaliser la même erreur et de dépenser inutilement des ressources (argent, temps, etc.). Enfin, la réalisation d’essais clinique implique la participation de volontaires, l’utilisation de leur temps et l’exposition à des effets indésirables ; si les résultats ne sont pas publiés leurs efforts peuvent être considérés comme en grande partie perdus, personne n’en profitera.

Le 3 novembre 2016, Ben Goldacre et Anna Powell-Smith ont publié un article (pas encore révisé par les pairs) portant sur un outil de suivi des essais cliniques (le TrialsTracker) inclus sur ClinicalTrials et permettant d’estimer la proportion d’essais non publiés, en fonction de leurs sponsors. Selon celui-ci, l’hôpital universitaire de Bâle (University Hospital, Basel) situé en Suisse a sponsorisé 64 essais cliniques de phase 2, 3, 4 ou inconnue et terminés depuis 2006 (en excluant ceux terminés ces 24 derniers mois, soit depuis novembre 2014) et parmi ceux-ci, 38 (59,4%) n’ont jamais été publiés. 26 essais auraient donc été publiés.

En accédant au lien « See all completed trials on ClinicalTrials.gov » après avoir sélectionné l’université de Bâle j’arrive sur le site web de ClinicalTrials qui indique 136 essais complétés avec les critères (Completed | Interventional Studies | University Hospital, Basel, Switzerland [Exact,Lead]), cela ne correspond pas au chiffre précédemment mentionné mais les critères de recherche ne sont pas exactement les mêmes. Si je rajoute (Studies with Results), seuls 5 essais semblent publiés, dont 4 correspondants aux critères de TrialsTracker. A nouveau, les chiffres ne correspondent pas. Serait-ce une erreur de ma part ?

Méthode

Curieux, j’ai brièvement tenté de trouver les résultats publiés de ces essais sur Google en recherchant le nom de l’essai, son nom  officiel ainsi que son numéro NCT (un numéro unique attribué à chaque essai enregistré sur ClinicalTrials). Je me suis limité à la première page de résultats du moteur de recherche Google. Lorsqu’un article publié dans un journal ou un document PDF avait le même nom/numéro que l’essai enregistré, que l’université de Bâle était mentionnée et que l’année de complétion et les auteurs correspondaient, j’ai considéré que les résultats avaient été publiés. En cas de résultats trop larges et hors-sujet j’ai rajouté « basel » aux mots recherchés.

Résultats

N
Nom
Participants
Année de fin
Résultats
1
18
2010
Non trouvés
2
450
2013
Non trouvés
3
40
2013
Non trouvés
4
12
2014
Non trouvés
5
5
2012
6
12
2013
7
12
2013
Non trouvés
8
24
2013
9
8
2013
10
124
2008
11
17
2012
12
124
2008
13
594
2007
14
12
2012


(Double ?)
15
46
2012
16
12
2011
17
30
2014
Non trouvés
18
24
2012
19
242
2013
20
60
2011

Conclusion

Sur les 20 premiers essais sponsorisés par l’université de Bâle (selon la liste obtenue au travers du lien de Trials Tracker) correspondant aux critères de Goldacre et complétés, 19 (95%) n’indiquent pas leurs résultats sur ClinicalTrials. 6 essais (30%) restent introuvables après ma brève recherche sur Google. 12 essais (60%) sont trouvables et leurs résultats ont été publiés mais n’ont pas encore été introduits dans ClinicalTrials. 1 essai (5%) est partiellement trouvable (résultats brefs disponible sur le site web de l’hôpital). 1 essai (5%) est trouvable et ses résultats ont été rapportés dans ClinicalTrials.

Trials Tracker indiquait 38 essais aux résultats manquants sur ClinicalTrials. Parmi mon échantillon de 20 essais, j’en ai identifié 19, dont 12 (63%) avaient déjà publiés leurs résultats dans un journal scientifique. 

Bien que de nombreux essais n’ont pas rapporté leurs résultats à ClinicalTrials, mes chiffres ne s’accordent pas à ceux de Trials Tracker, j’imagine que je ne réalise pas la même recherche ou que nous partons de données différentes ?

jeudi 13 octobre 2016

Introduction à la bande dessinée (webcomic) The Science of Cookies

Qu'est-ce?

The Science of Cookies est une bande dessinée en ligne (webcomic) à but non lucratif portant sur les sciences sociales et les sciences de la santé, les cookies, la révision par les pairs (peer-review), les types d'études existants, les erreurs cognitives, les biais, les statistiques, les fausses-croyances, les moyens d'avoir accès à une science de qualité, le processus de recherche, les médias, les journaux scientifiques et d'autres choses encore. Mais surtout et principalement, cela parle de cookies.

Pourquoi?

Mes objectifs sont de stimuler la curiosité, l'appréciation et la valorisation de la recherche scientifique dans le domaine de la santé, du social et de l'enseignement pour une audience tout public au travers d'illustrations humoristiques.

A quoi ceux-ci ressemblent?

S'arrêter après un "j'aime" sur Facebook plutôt qu'agir.

Le type de webcomic sur la santé ou l'éducation ou la recherche scientifique n'existe pas

Il n'existe pas que des conflits d'intérêts monétaires, ceux-ci peuvent être académiques, influencés par les valeurs et croyances, etc.

Comment illustrer un risque en fréquences naturelles, mais sans aider pour autant

Un point de vue équilibré met parfois en avant un aspect qui ne le mérite pas

Ce que les chercheurs évaluent en recherche ne correspond pas forcément aux priorités des patients

Le médicament miracle existe, mais n'est pas celui que l'on aurait souhaité



Un nouveau système d'évaluation des études scientifiques

T-shirts Minerva, HAS, EBM, Cochrane, scepticisme, recherche




Est-ce efficace ou pertinent?

L'utilisation d'illustrations humoristiques ou de bandes dessinées dans le domaine de la santé/social/éducation et de la recherche reste relativement récente et les preuves portant sur son efficacité ne sont que peu développées, notamment par rapport aux conséquences indésirables (ex: interprétations erronées, fausses-croyances), à la rétention d'information au long-terme et aux modifications réelles et durables du comportement ou de l'intérêt [1, 2, 3, 5]. Les bandes dessinées ne sont de plus pas toujours prises au sérieux [2]. Néanmoins, l'humour permet de rendre des informations plus mémorables, il suscite l'attention, la curiosité et peut motiver les gens à lire, d'autant que la présentation sous forme de BD peut offrir bien plus que de l'information (ex: transmettre des vécus, aider à conceptualiser, offrir un point de vue, démontrer des stratégies, etc.) [2, 4]. La bande dessinée est également accessible à une audience très large incluant des jeunes, des personnes âgées, des non-spécialistes, des patients, des personnes sans diagnostic, etc [4]. Globalement mes illustrations sont donc essentiellement expérimentales.

Où peut-on les trouver?

Sur le site officiel de mes dessins, The Science of Cookies (http://cookiescience.webcomic.ws).


Références  

1. Sim, M. G., McEvoy, A. C., Wain, T. D., & Khong, E. L. (2014). Improving health Professional’s knowledge of hepatitis B using cartoon based learning tools: a retrospective analysis of pre and post tests. BMC Med Educ, 14(1). doi:10.1186/s12909-014-0244-7
2. McNicol, S. (2014). Humanising illness: presenting health information in educational comics. Med Humanities, 40(1), 49–55. doi:10.1136/medhum-2013-010469
3. Farthing, A. & Priego, E., (2016). ‘Graphic Medicine’ as a Mental Health Information Resource: Insights from Comics Producers. The Comics Grid: Journal of Comics Scholarship.. 6, p.3. DOI: http://doi.org/10.16995/cg.74
4. Spiegel, A. N., McQuillan, J., Halpin, P., Matuk, C., & Diamond, J. (2013). Engaging Teenagers with Science Through Comics. Research in Science Education, 43(6), 2309–2326. doi:10.1007/s11165-013-9358-x
5. Tatalovic, M. (2009). Science comics as tools for science education and communication: A brief, exploratory study. Journal of Science Communication, 8(4), 1-17 

* Certaines de ces références ne sont pas primaires par rapport aux propos soutenus, j'espère modifier cela à l'avenir (01.10.2016).

(Cette page a été en grande partie réalisée pour vérifier la capacité d'indexation de Google des dessins publiés)